Le Domaine

Certaines origines ne trompent pas... en Novembre 1493 Christophe Colomb mit pied à terre pour la première fois en Guadeloupe à l'endroit qui allait devenir la commune de Sainte-Marie. Initialement appelée KARUKERA par les Indiens Caraïbes, la Guadeloupe vit la fondation du Domaine du Marquisat de Sainte Marie en 1895. C'est au coeur de ce domaine que la plus ancienne distillerie de l'île, la distillerie Espérance, élabore, sur ses 70 hectares de plantations, un rhum exceptionnel : le rhum KARUKERA.

Élevé sous le chaud soleil des îles et mise en bouteilles sur le lieu de production, la gamme des rhums Karukera est l'une des collections les plus qualitatives des Antilles françaises.

 

Aujourd'hui plus que jamais, l'exploitation du Domaine sait ne pas sacrifier la quête d'une qualité indiscutable aux contraintes de productivité.

Totalement autonome : le Domaine du Marquisat de Sainte-Marie intègre l'unique distillerie où toute la chaîne d'élaboration et de vieillissement du rhum est gérée sur ses terres;

Très sélectif : en privilégiant la mono variété, le Domaine s'assure la possibilité de contrôles qualitatifs à chaque stade de l'élaboration et surtout une régularité de qualité prémium, un constat impartial confirmé par des experts indépendants.

 

Le rhum blanc agricole est en partie ramené lentement aux degrés de commercialisation (62, 55, 50 ou 40°) et mis en bouteilles. Le solde de la production sera ensuite mis en vieillissent dans nos chais. Le climat particulier des Caraïbes permet d’accélérer la période de maturation des rhums et de développer pleinement leurs subtils arômes.

Les savoir-faire de plusieurs générations la maîtrise des cultures et de toutes les étapes de production garantissent la grande qualité  et l'authenticité du rhum KARUKERA.

 

Karukera, éleveur de rhum agricole

 

Souvent considérée comme la marque export de Longueteau, Karukera est une entité distincte qui se situe aussi à Sainte-Marie en Guadeloupe sur le domaine du Marquisat de Sainte-Marie. Voyage sur les terres de l'île aux belles eaux, en compagnie de Grégoire Hayot, son fondateur. Nous sommes en 2005,
François Longueteau rachète à son père le domaine agricole du Marquisat de Sainte-Marie et la distillerie Espérance située au cœur du Domaine avec la volonté farouche de maintenir l’héritage familial. La production de la distillerie porte alors sur du rhum blanc et du rhum ambré,  embouteillés sous deux marques qui font la renommée de la famille : les rhums Mon Repos et Longueteau. Grégoire Hayot, ingénieur de formation est alors, directeur financier à la distillerie Damoiseau, où il participe à la modernisation de l'outil de production et à la construction en 2005 d’un nouveau chai de vieillissement. Il souhaite développer l'activité de production de rhum vieux agricole en Guadeloupe, encore  confidentielle et dont il mesure la typicité singulière et le potentiel à l’exportation. L’île sœur, la Martinique, quant à elle, a clairement orienté depuis des décennies sa production vers le rhum vieux agricole et sa consommation est devenue courante en Martinique. En Guadeloupe le rhum agricole était alors principalement consommé blanc : le stock total de rhum vieux détenu en 2005 en Guadeloupe était inférieur à 5000 hectolitres soit, à peu de chose près, la quantité mise en vieillissement sur une année par une maison comme La Mauny en Martinique. Grégoire recherche alors une distillerie avec pour critère principal, la maîtrise et la fraîcheur de son approvisionnement en canne à sucre. Naturellement, il s’est entendu avec François Longueteau qui est devenu son associé, et ont créé ensemble, la société Marquisat de Sainte-Marie, avec l’objectif affiché de valoriser le rhum de coulage du domaine en élevant des rhums vieux. Grégoire définit son activité, comme celle d’un éleveur de rhum et nous l’explique humblement : « la distillerie nous livre le rhum au coulage, brut, sortie de la colonne à distiller ; nous affinons le distillat pour notre production de rhums blancs en cuve aérée et nous l’élevons sous-bois pour notre production de rhums vieux. Notre activité est similaire à celle de  Clément et HSE, qui reçoivent d’une distillerie amie, le rhum au coulage pour l’affiner et l’élever dans leur propre chai ». Le 2 novembre 2006, Karukera réalise sa première mise en vieillissement à partir du distillat de Longueteau avec 87 fûts de 310 litres fournis par Seguin Moreau. En 2007, Karukera fait construire son chai, lequel comprend une zone de vieillissement, un atelier pour l’affinage du rhum blanc, un atelier de conditionnement, des zones de stockage, un laboratoire ainsi qu’une zone d’accueil touristique et une boutique. La boutique sera commune pour toutes les productions du Domaine, celle de Longueteau et celle de Karukera, et sa gestion confiée par Grégoire à son associé François Longueteau. Depuis ce jour, Karukera met en vieillissement chaque année l'équivalent de 15.000 à 20.000 litres d'alcool pur distillé à partir des cannes du domaine, principalement en ex-fût de Cognac,  à un titre alcoolique variant entre 52% et 62%. L'importance de la matière première
A travers son activité d’éleveur, Karukera met d’abord en valeur le travail de François Longueteau. Grégoire Hayot connaît bien les qualités de son associé qui s’occupe personnellement des cultures : «la qualité et la fraîcheur de la canne sont primordiales, et le soin apporté par François à ses plantations, se traduisent par une qualité exceptionnelle, reconnue en Guadeloupe : l'outil est très rudimentaire : il n’y a pas d’acidification du jus, une fermentation naturelle et quasi spontanée, pas de dispositif de refroidissement et de contrôle  de la température en fermentation ; c'est de l'artisanat, et François et son fils Nicolas font le travail merveilleusement bien. Il suffit de goûter leur rhum blanc agricole pour s'en rendre compte». Et dans ce contexte, le terroir est toujours revendiqué : « On oublie trop souvent l'énorme différence qui peut exister entre les rhums de vesou ; ils sont tous uniques selon leur terroir. La flore bactérienne joue un rôle primordial dans la formation des arômes, ce qui permet à chaque producteur de rhum agricole de réaliser des produits aux propriétés organoleptiques très variées. Le rôle des bactéries est essentiel, les non sucres,  les cires présentes à la surface de la canne à sucre contribuent aussi à la typicité du rhum agricole blanc. Et c'est ce lien avec la matière qui fait du rhum agricole un des rares spiritueux où on peut vraiment parler de terroir ». Le vieillissement, école de patience
Si le rhum agricole au coulage a des caractéristiques qui le prédestinent déjà à un véritable alcool de bouche, les étapes de maturation, d'élevage vont lui apporter une palette aromatique qui n'a que très peu à voir avec ses origines. Grégoire Hayot est avant tout un ingénieur passionné, et nous explique que selon l'aptitude du distillat au vieillissement, la maturité recherchée sera différente, et que rien ne vaut l'alliance d'un bon distillat et d’un environnement propice à son évolution. Comme il nous le confie d'ailleurs très justement, il ne s'agit au fond que d'une relation parents-enfants : « chacun a pu observer que des meilleurs parents peuvent se développer les pires enfants à l'âge adulte, et de même des pires parents peuvent se développer les meilleurs enfants … Il en va de même dans la maturation des rhums agricoles. ». C'est à ce stade qu'intervient l'importance des fûts utilisés, véritables supports de communication intergénérationnel : « le vieillissement c'est d'abord le mariage du rhum de coulage et des composés qu'il va extraire du fût de chêne ; la naissance de cette union d'un embryon de nouveau rhum ; puis son développement jusqu'à maturité ». Quant à la magie qui s'opère dans le fût/in situ ? « Il y a une première phase où les arômes du rhum blanc et ceux provenant de l'extraction de matière du bois (tanins, lignine, hémicellulose…) sont très distinctement perceptibles ; puis il y a une évolution des saveurs et des arômes, avec au début une persistance des arômes typiques du rhum blanc et celle du chêne qui petit à petit, disparaît avec la formation d'arômes nouveaux ». Et ce n'est qu'après l'extraction de ces différents composés, des transferts de matière (perte alcool, ...) et des évolutions chimiques lentes (parfois réversibles) que l'embryon dont il parlait plus haut sera conduit à une maturité idéale. Une mission extrêmement noble et un véritable travail de patience qui parlera aux éventuels parents qui liront ces lignes. Et comme tout bon père, Grégoire a aussi des principes : il refuse aux rhums Karukera les ajouts de toutes natures, y compris celui autorisé du caramel pour adapter la coloration du produit « mon père, qui était directeur de la sucrerie/distillerie de Grosse Montagne de 1950 à 1981,  me rappelle souvent que c'est un expédiant, et que passée l’adaptation de coloration, il raccourci la longueur en bouche du rhum vieux». Un héritage comme un autre, pour une approche authentique du vieillissement, «il ne faut rien ajouter  au rhum vieux agricole ; les propriétés qu’il a naturellement et patiemment acquis sous-bois, le démarque de tous les autres spiritueux naturellement vieillis et ayant recours ou non à l’édulcoration. Je trouve, par ailleurs dommage, la tentation de rajouter des sucres que certains souhaitent, et je pense que nous, petites entités, nous devons nous démarquer par l’authenticité de nos produits... » Un rhum 100% terroir du domaine du Marquisat de Sainte-Marie
Aujourd'hui, après 10 ans d'exercice, Karukera peut enfin sortir ses tout premiers rhums millésimés, et à vrai dire, les tout premiers issus du Domaine du Marquisat de Sainte-Marie depuis les années 90. C'est ainsi que l'on voit arriver en cette année 2016 deux millésimes : L'Expression 2008 vieilli en fût neuf de chêne français, embouteillé à son degré naturel avec notamment une série limitée à 1500 bouteilles sortie à l'occasion des 60 ans de LMDW, et le Select Casks 2009, vieilli en fûts de Cognac. L'étiquetage affiche pour l'occasion un fier « 100% terroir du domaine de Sainte-Marie », avec toujours cette idée forte de mettre en avant l'origine du rhum. Le premier millésime historique de Karukera restera pourtant le 2006, date de création de la société, qui sortira à l'occasion d'une cuvée particulière retenue par Luca Gargano, tombé sous le charme lors d'une visite. Dans leur catalogue, Karukera propose aussi L'Intense, un rhum blanc de bouche à fort degré (60,3°) issu de Canne Bleue et ayant subi un affinage de 42 semaines, qui comme nous l'explique Grégoire permet « d'éliminer les composés négatifs très volatils et réactifs et une partie de l'acidité du rhum »; 5000 bouteilles sont ainsi sorties en avril 2016. Quant à la concurrence des autres rhums, Grégoire est confiant et persuadé que les rhums agricoles s’ils restent authentiques seront de plus en plus plébiscités par les consommateurs avertis et connaisseurs. Ce qui n’interdit pas d’explorer des voies nouvelles « je crois en l'aspect offensif ; en étant petit, on peut explorer des voies innovantes pour faire des produits de grande qualité, il est là notre avenir je pense, et pas à essayer de concurrencer les plus grands en adaptant nos produits aux modes». En parallèle à son activité d'affinage, il compte bien innover en produisant des rhums à mixer d'exception, et poursuivre ainsi le travail déjà entamé avec le Karukera Gold et le Karukera Silver.